Camino primitivo J10
Mercredi 24 Septembre 2014 : Lugo --) San Roman da Retorta (par Santa Eulalia de Boveda)
Nouvelle mémorable journée de cheminement au cours de laquelle les spectacles offerts (en premier lieu la chapelle paléochrétienne découverte sous l'église paroissiale du village à l'habitat traditionnel en granit de Boveda) vont le disputer aux plaisirs du palais (avec la dégustation du plus savoureux bocadillo du périple à San Vincente do Burgo puis d'un déjeuner aux inénarrables saveurs à la Meson de Crecente) et à la chaleur des contacts humains qui vont la jalonner.
Levé vers 7 h et ayant pris mon petit déjeuner en compagnie de JP, je vais donc tranquillement quitter LUGO par la puerta de Santiago avant de franchir son pont romain (dont de nos jours seules les fondations sont d'origine --1er siècle --) puis finalement rejoindre (non sans avoir pris un instant d'arrêt pour observer un échassier et photographier le fronton et un pilier de la chapelle San LAZARO) les bornes jacquaires PK 100,906 et 99,552 marquant la distance minimale de cheminement (100 kilométres) nécessaire pour obtenir, arrivé à Santiago, une Compostella.
De chemins en routes, en suivant les marques, il me faudra encore 2 heures avant d'atteindre le hameau de San Vicente do Burgo avec son église paroissiale en granit gris,"magnifique exemple de baroque rural galicien" et surtout son bar As Searas.
Ce qui au départ ne devait être qu'un temps de restauration va devenir un instant de gastronomie avec, outre la dégustation d'un incroyable bocadillo con tortilla, celle du carajillo (digestif galicien) offert par le patron de l'établissement et bien plus encore un superbe moment de camaraderie jacquaire partagé successivement avec JP, O et C puis le trio d'espagnols avec lesquels j'avais marché avant BERDUCEDO et enfin le groupe constitué notamment de Paul, Ana et Enrique.
Je vais finalement reprendre la route en compagnie de O et C et gagner le village de BOVEDA par une route bordée de parcelles limitées par des murets de pierres empilées ou des dalles en granit ; ouvrages qui me suscitent de nouveaux instants d'admiration pour l'ingéniosité de leur réalisation.
Arrivé au coeur du village nous y déambulons dans les ruelles désertes en admirant les constructions en granit avant que de localiser l'OT où nous trouvons un guide qui nous fait visister la chapelle paléochrétienne découverte en 1926 sous l'église paroissiale.
La visite de cette dernière avec son bassin central reconverti en baptistère (faisant évoquer une origine remontant à l'époque romaine), ses fresques datées du IVème siècle représentant essentiellement des oiseaux et ses extérieurs aux pierres sculptées célébrant selon notre guide la fertilité (cigogne / farandole) , va constituer le "sommet" de ma journée et je repars du village enivré par l'atmosphère et les couleurs irradiées par ce lieu.
Empruntant une route rurale indiquée par le guide de l'OT de BOVEDA, nous évitant par la même le retour sur nos pas (soit près de 3 Km) annoncé , nous gagnons le lieu dit BACURIN.
Nous y visitons les extérieurs (mordillons me rappelant l'église de Perse à Espalion, porte et fenêtre encadrées de colonnes) de l'église paroissiale dédiée à St Michel (XIII ième siécle).
Notre exploration de ce patrimoine terminée, nous reprenons notre cheminement à travers la campagne, pour nous retrouver finalement vers 15 h à hauteur de l'auberge recommandée par notre intervenant de l 'OT de BOVEDA : Meson CRECENTE.
Abrité dans une maison à l'aspect "banal", le lieu va se révéler un "temple" de la gastronomie locale. Nous y dégustons, dans le cadre d'une sobre salle à manger, des plats aux subtils arômes (roboratif bouillon
galicien et savoureux ragoût d'agneau accompagnés d'un vin rouge au robuste bouquet) mitonnés sur l'antique fourneau de la cuisine par les 2 brus d'une austère sexagénaire.
Comme "bercés" par les saveurs des mets, la chaleur de l'accueil et la tranquillité de l'établissement il nous faudra près de 2 h pour rompre avec cet apaisant moment et reprendre la route vers le terme de notre étape : l'albergue O'CANDIDO
Nous atteindrons finalement celui-ci après une courte promenade post prandiale ponctuée de plusieurs arrêts afin de photographier un mur, une maisonnette au bâti traditionnel puis un peu plus loin une charrette ../..
../.. et enfin l'église de San Roman de Retorta ainsi qu'un horreo.
Arrivé vers 17h au terme de ce cheminement, je déroule tranquillement les rituels de fin d'étape puis goûte aux plaisirs de temps d'échanges successifs avec mes compagnons francophones suivis d'un repas sans réelle saveur mais partagé avec, outre ces derniers, le groupe de jeunes espagnols ayant "joyeusement irrigué" ma halte à San Vicente do Burgo.
C'est donc le corps comme le coeur léger que je regagne mon lit et m'y endors dès l'extinction des lumières, rempli du sentiment d'avoir vécu ce jour un nouveau sommet de mon cheminement.