Camino primitivo J4
Jeudi 18 Septembre 2014 : La Espina --) Tinéo --) Campiello
Comme hier je vais pour l'essentiel cheminer pendant cette journée par des chemins ruraux ou forestiers, le passage par TINEO, à l'entrée matérialisée par un pèlerin métallique, constituant la seule rupture dans cette apaisante pérégrination qui prendra finalement fin à CAMPIELLO; point à partir duquel il me faudra demain faire un choix entre la voie passant par POLA de ALLANDE et la variante dite ruta de los Hospitales présentée comme plus sauvage et contraignante (notamment en raison de l'absence de toute ressource pendant 16 Km) mais permettant d'atteindre de manière moins "brutale" el PURTO del PALO.
Il est un peu avant 8h30 lorsque je savoure mon premier moment de "suspension" de la journée, face à une chapelle nimbée de soleil à la sortie de La ESPINA :
Rapidement sorti de La ESPINA par un chemin serpentant entre des fermes dont s'échappent de multiples effluves marquant d'emblée ce début de journée du sceau de la ruralité, les heures suivantes seront à l'aune de ces premiers instants. Je vais ainsi marcher, par des voies aux dénivelés fluctuants, jusqu'à TINEO en oscillant entre l'observation de cette ruralité et la commémoration de ces temps de l'enfance passé avec mes grands parents maternels auxquels me renvoient irrépressiblement ces espaces.
Je serai finalement à l'entrée de TINEO vers 11h, au terme d'une marche qui m'aura par ailleurs donné l'occasion d'observer des éoliennes, des chevaux/bovins, une maison à la décoration "décalée" ou bien encore de faire une nouvelle dégustation de mures sauvages.
J'entre à TINEO par une rue bordée d'horréos et gagne le centre ville en plein effervescence après un arrêt, en l'absence de tout bar (!), dans une panaderia installée au rez de chaussée d'une vieille demeure de la Calle Mayor. J'y j'achéte un chausson généreusement garni d'une compote de poires au goût anisé, pur moment de sensualité (!), savouré avant d'achever ma descente, non sans stoppé devant un blason porteur de coquilles.
Très rapidement, compte tenu de la précocité de la journée et bien plus encore du tumulte de la cité, je prends la décision de poursuivre mon cheminement pour rejoindre, à priori, CAMPIELLO et surtout retrouver le calme; ce qui est fait après une "grimpette" par un sentier qui est à cette heure parcouru par de nombreux espagnols accompagnés de leurs chiens; ces derniers s'avérant plus ou moins amicaux à mon égard.
Je déroule les 2 heures suivantes, sous un ciel de plus en plus nuageux, le long de sentiers arborés puis dans une châtaigneraie au silence presque "glacial" que ne brisent que le bruit du vent et le crépitement de la pluie qui s'est intensifiée progressivement sans cependant, étant protégé par la voûte de feuillages, m'atteindre .
Ayant négocié une nouvelle descente sollicitant lourdement mes genoux, je me retrouve à hauteur de la balise indicatrice du détour conduisant au monastère d'OBANA que je décide de réaliser.
Après une courte marche j'arrive au monastère Santa Maria Real de OBANA dont je parcours rapidement les ruines avant de revenir sur mes pas pour me trouver de nouveau à l'abri d'un crachin qui redouble d'intensité et d'un vent glacial.
Revenu à l'embranchement, je reprends ma progression, d'un pas devenu plus lourd, par une allée forestière maintenant bordée de chênes puis une morose route dont le seul intérêt sera un horréo puis une colonie d'escargots sur un poteau de clôture.
Il est ainsi près de 15h lorsque j'atteins CAMPIELLO et la Casa HERMINIA, maintenant rénové en un moderne complexe associant un hôtel et des infrastructures destinées à accueillir les pèlerins. L'accueil y est chaleureux et j'opte pour la formule en demie pension du midi.
Je me retrouve ainsi attablé à coté d'un français au comportement en complet décalage avec l'atmosphère du Chemin (provocateur en particulier); marchant avec un groupe dont les autres membres me font meilleur impression, il renonce rapidement à ses provocations devant mon silence et mon air renfrogné.
Je savoure "dans ma bulle" un pantagruélique repas avant de regagner un vaste dortoir, profiter d'une douche brûlante et finalement m'endormir pendant près d'une heure marqué par les efforts successifs que je viens de réaliser durant cette étape alternant les dénivelés positifs et négatifs et conclue par une température devenue automnale.
Je vais achever cette belle journée d'effort à travers ces voies agricoles et forestiers qui, en synthèse, ont mobilisé mon corps en sollicitant ma mémoire, par une courte période de lecture avant que de prendre (en compagnie de compagnons rencontrés à ESCAMPLERO et CORNELLANA) un frugal souper (potage et arroz con leche).
Le sommeil me gagne ensuite rapidement avant que je n'ai arrêté mon choix en ce qui concerne mon itinéraire de demain (ruta de los Hospitales vs POLA de ALLANDE) ; question que j'ai décidé de trancher arrivé au point de divergence des 2 voies.