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les chemins de bruno
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6 février 2015

Camino primitivo J2

Mardi 16 septembre 2014 : Venta del Escamplero --) Grado --) la Doriga --) Cornellana

J2_section 1

J2_section 2

     Il est un peu moins de 5h30 lorsque je me réveille, plein d'allant, au terme d'une nuit ininterrompue. Je réalise rapidement que je ne suis pas le premier à avoir débuté sa journée. Le pèlerin germanophone arrivé hier avec sa soeur, est déjà dans les starting block, en train de déjeuner à la mode des pays nordiques (pain complet et charcuterie). Ce dernier est en réalité néerlandais, âgé de 71 ans il parcourt le Chemin Primitif pour la 3ième fois (dernière expérience en Mars 2013 sous la neige; il avait alors achevé son périple avec un chien s'étant joint à lui et qu'il avait finalement adopté et rapatrié à son domicile). Parlant 4 langues, il s'avère un compagnon de repas très intéressant. Je prends ainsi la décision de partir avec celui-ci et sa soeur, femme beaucoup plus réservée au chaleureux sourire.

verger

   Il est ainsi 6h30 lorsque nous entamons, à la frontale et sous une fine pluie qui s'intensifie progressivement, notre cheminement, d'abord par une route bitumée puis, après quelques errances lièes à notre inattention (discutons longuement de la perte des valeurs fondatrices dans notre société), par des sentiers agricoles parcourant vergers et herbages et jalonnés de minuscules hameaux  dont nous savourons la traversée chacun à notre rythme.

    

escargot

 

Horreo_2

Cette progression dans des espaces silencieux et baignant dans un climat conjuguant une dimension végétale avec la simplicité fonctionnelle des constructions à vocation agricole me remplit d'une "exaltante quiétude".

Horreo

     Arrivé à hauteur de El Punte  de Peñaflor nous nous séparons, mes compagnons souhaitant marcher jusqu'à GRADO tandis que je fais le choix d'un premier arrêt . Arrêt à vrai dire peu satisfaisant, tant l'accueil de la gérante est peu empathique  (notamment lorsque je la sollicite à me faire un bocadillo, chose qu'elle me déclare ne pas pouvoir -- à moins que ce ne soit vouloir -- faire) et que je ne prolonge pas, avalant rapidement mon premier café con leche de la journée avant que de repartir à l'instant où arrive un des francophones entrevus hier à l'albergue.

    Ce dernier me rattrape finalement alors que je suis en arrêt devant un horreo reconverti en habitation dans un minuscule hameau; je dois dire que cette rehabilitation me suscite un avis mitigé, préferant le caractère authentique d'un premier situé à l'entrée du hameau à celui trop fonctionnel de ce dernier .

 

horreo reconverti_2

 

Horreo_3

 

 

 

 

 

 

 

       Nous repartons de concert en devisant sur nos parcours respectifs. Ce nouveau compagnon, au pas soutenu, s'avére être également néerlandais, ancien professeur de français il a assumé des responsabilités de direction au sein de son dernier établissement scolaire avant de faire valoir son droit à la retraite et commencer à pérégriner sur de nombreuses voies (cheminement vers Rome en partant de GB notamment).

       Nous nous séparons arrivés dans le centre ville de GRADO, chacun se lançant dans la recherche d'un établissement répondant à ses besoins (banque pour mon compagnon / magasin de couvre chef en ce qui me concerne).

 

agua con gas

       Je fais finalement l'acquisition d'une casquette dans un bazar chinois, avant que de rejoindre mes premiers compagnons du jour attablés dans un bar et y déguster ma traditionnelle collation de fin de matinée (tortilla con patatas, cafe con leche et agua con gas).

      Cet arrêt me donne l'occasion d'apprendre que l'homme est né en Pologne (Poméranie) , est devenu ingénieur métallurgiste après des études en Allemagne  où il a fait toute sa carrière avant de migrer dans la périphérie de Bruges, ville d'ancrage de son voilier.

fléchage GRADO

    Rassasié et ayant fait des provisions faute de connaitre à cet instant le terme de mon étape (absence de ressources à proximité de l'albergue de San Juan de Villapañada par exemple), je reprends ma marche et après le brouhaha de cette ville qui m'a semblé sans intérêt, je retrouve avec plaisir la quiétude, le silence et la "banalité" de ces espaces  agricoles aux menus spectacles.

 

chaton GRADO

 

paturage_bovins GRADO

 

 

 

 

 

 

balisage albergue San Juan de Villapanada

balisage village avant Cornellana

     Dès lors, je grignote, un pale soleil brillant maintenant, les kilométres de routes et chemins, délaissant successivement la bifurcation pour l'albergue de San Juan de Villapañada puis celle de Corbruñada (hors chemin)  avant que de m'engager sur une voie tracée au bulldozer déservant un nouvel hameau à l'habitat traditionnel : San Marciella dont le caractère rural (horreo avec céréales pendues à sécher notamment) me frappe de nouveau et me renvoit aux vacances que je passais chez mes grand-parents maternels il y près de 40 ans.

 

horreo village avant Cornellana

fourche porche étable

 

 

 

 

 

 

 

 

horreo traditionnel village avant Cornellana

citronnier

panneau albergue Ca Pacita DORIGA

     Rejoins de nouveau par mes compagnons du matin, juste avant d'arriver à ce hameau, je reprends "apaisé", après avoir noté la presence de citronniers, mon cheminement pour DORIGA avec son église Sta Eulalia et son bar albergue Ca Pacita au marketing "agressif" déployé dès la sortie de GRADO  (témoignage à mes yeux du début de "contamination" de cette voie par le mercantilisme gangrénant le Camino Frances).

 

eglise Sta Eulalia DORIGA

ferme fortifiée DORIGA

  Malgré le "coup de mou" qui a marqué ces derniers kilomètres je décide de poursuivre jusqu'à CORNELLANA. Je souhaite en effet, d'une part  prolonger le sentiment de bien être psychique / tranquillité qui m'habite, tandis que d'autre part  je me refuse à cautionner le mercantilisme de l'albergue privé de DORIGA.

   Je m'engage donc de concert avec mes compagnons dans la montée qui marque la sortie de DORIGA, non sans prendre le temps d'un arrêt à mi-pente afin d'observer une ferme forteresse.

     Après une nouvelle heure de marche, nous atteignons l'albergue installé dans les bâtiments conventuels du monastère de San Salvador de Cornellana (fondé en 1024, confié un siècle plus tard aux moines de l'ordre de Cluny celui-ci comporte une église romane du XII largement remaniée et  conserve un cloître, une abside ainsi que 2 portails romans. Le plus ancien de ceux-ci, dit "purta de la osa"; porte la sculpture d'une ourse protégeant un enfant) où nous nous installons alors que 17h sonne. Cette dernière heure de marche aura été essentiellement marquée par le spectacle (affligeant) d'un ouvrage autoroutier abandonné défigurant le paysage et par le fronton ouvragé d'une maison.

 

ouvrage autoroutier avant Cornellana

fronton maison

sabots traditionnels

 

 

portail de l'ourse albergue Cornellana

sculpture portail de l'ourse albergue Cornellana

 

poteau indicateur Cornellana

ferronnerie

     Installé dans des locaux d'une modernité et propreté exemplaires, ma fin de journée se déroule sans hâte, partagée entre repos et lecture puis courte promenade dans le village aux fins de quelques courses, échanges avec des espagnols qui évoque une variante par la montagne lors d'une prochaine étape et finalement repas du soir que je fais le choix de prendre une nouvelle fois seul avant d'aller me coucher dès 20 h.

 

blason San Salvador de Cornellana

         Le sommeil me gagne rapidement au terme d'une journée pleine de sensations élémentaires mais "vivifiantes" (plaisir du dépassement du corps, richesse des sollicitations pluri-sensorielles d'un cheminement à travers une contrée d'une ruralité prégnante et me conduisant à une douce remémoration de mon enfance, valeur des échanges humains, ...).

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