Camino San Salvador J2
Lundi 7 avril 2014 : CANABILLAS – BUIZA (par La ROBLA et La PAOLA de GORDON)
Réveillé vers 6 h, au terme d’une nuit de près de 10 heures [que ni le froid ambiant (sans doute moins de 10° alors que je sors les bras de mon duvet) ni la cloche de l’église voisine n’ont interrompu] , j’attaque ma journée par un tranquille cheminement jusqu’au village de La SECA par un sentier empierré surplombant le Rio Bernerga.
Après avoir désespérément erré dans les rues vides de cette localité à la recherche de son église dédiée à St Martin, je reprends finalement, avec le rio comme fil conducteur, ma marche pour atteindre CASCANTES (qui apparait toute aussi désertique que La SECA) et son église.
Bercé par les bruits d’écoulement du rio conjugués aux chants discrets d’oiseaux, je m’installe en ce début de journée dans un état proche d’une transe hypnotique induite par une marche régulière sans difficulté.
Je débouche finalement sur une morne route qui me conduit à La ROBLA et son ermitage de la Celada malheureusement clos ( !).
Arrivé dans le centre du village vers 10h, j’en parcours la rue centrale afin de faire tamponner à l’office du tourisme ma crédentiale, réaliser mon approvisionnement pour les 3 prochains jours (annoncés sans aucune possibilité de ravitaillement) et enfin déjeuner en regardant déambuler les locaux qui pour la plupart semblent un peu interrogatifs sur ma présence, nouvelle preuve du caractère confidentiel de la voie sur laquelle je suis engagé.
L’agitation ambiante finissant par m’oppresser je reprends avec une sorte de fébrilité ma marche, « avalant » sous un soleil finalement présent, les kilomètres jusqu’à PEREDILLA de GORDON puis l’ermitage Del Buen Suceso, en prenant cependant le temps d’un arrêt devant un porche de maison intégrant des éléments d’allure celtique.
Atteignant La PAOLA de GORDON vers 14h je pose mon sac dans un café, seul lieu connaissant encore un semblant d’animation dans une localité dont les autres espaces recevant du public sont clos jusqu’à 17h au titre de la sieste. Je m’y restaure pour la dérisoire somme de 3 € puisque ma bière puis mon café con leche sont, conformément à l’habitude du pays, accompagnés pour l’un de tapas et pour l’autre d’une part de gâteau gracieusement proposés.
Repartis par une nouvelle morne route bitumée (donc par essence peu attractive pour les pieds) je rejoins le terme de mon périple du jour en croissant un troupeau d’ovidés errant en toute liberté tantôt dans les contreforts tantôt sur la route.
Ainsi arrivé à BUIZA, je mobilise avec mes maigres connaissances d’espagnol, l’hospitalier dont le numéro de téléphone figure sur la porte de l’albergue (manifestement une ancienne école servant maintenant de centre de soins primaires). Ce dernier, prénommé Angel, arrive d’un pas nonchalant, sous l’emprise me semble t-il d’ « herbes aromatiques » et m’ouvre indifferent les portes de mon hébergement.
De nouveau seul (le précedent pélerin est semble t-il passé 3 semaines plus tôt), je déroule avec délectation mes activités de fin d’étape et m’installe jusqu’aux prémisses du crépuscule sur le perron afin de poursuivre, bouffarde « au bec », la lecture entamée la veille que j’interromps cependant régulièrement pour gouter au silence qui m’entoure en ce lieu à distance du village proprement dit, dont je découvrirai d’ailleurs demain que la plupart des maisons sont closes.
Au terme de cette nouvelle journée j’ai finalement l’impression d’avoir plus dérivé que réellement marché et alors que la nuit tombe je me projette vers la journée de demain.
Cette dernière me promet en effet dès les premiers kilométres une "belle montée" et j'éprouve, alors que je m'endors, une pointe d'exaltation à la perspective de l'engagement physique qui s'ouvre devant moi.